“Tu n’as pas le droit de devenir impotente, tu es priée de ne pas choper Alzheimer et surtout, s’il te plaît, épargne-moi l’embarras de te transformer en vieille acariâtre.” Me voilà prévenue. J’avais pourtant bien l’intention de faire tout ça.
Bien entendu c’est la première qui est difficile. Ce n’est pas insurmontable, ce n’est pas aussi désagréable qu’on l’appréhende. C’est juste une histoire de coup de main, de respiration et beaucoup d’attitude. Je me laisse facilement tenter par les mentholées, même si je rêve plutôt de ces longues tiges fines aux papiers délicatement colorés, pâles pastels aux filtres dorés qui me paraissent luxueux et extraordinaires. J’aime l’acte artistique, le plaisir m’étant encore étranger. Je me contenterai des Chesterfield. Je range mon paquet dans le tiroir, je n’en extrais une qu’exceptionnellement que je fume longuement à la fenêtre. Très vite je sais faire des ronds de fumée. Le paquet diminue lentement, il ne faut rien précipiter. Puis mes deux amis viennent dîner et sont à court. Je sors le paquet. Félons ! Ils le vident d’un trait, cigarettes sur cigarettes qui partent en fumée. Deux gloutons illégitimes qui gâchent mon projet artistique et brisent ma carrière de fumeuse.
Elle dit qu’il vaut mieux que je n’oublie pas ma pièce d’identité pour prouver mon lien de parenté avec elle, parce que vraiment, on se ressemble si peu.
Ils sont une nuée, un gros nuage cotonneux posé sur la Moselle, tout en becs noirs et cous arqués. On les observe de haut, méfiants, on suit leur oeil mécontent.
A Anne, on demande si c’est normal tous ces cygnes en ville. Anne répond ah bon, c’est pas comme ça sur toutes les rivières ? Ah ben quand même, dit le comptable, y en avait 56.
« Vous venez habituellement ce jour-là ? Parce que là, c’est bondé… »
Je me demande si je n’ai pas affaire à une nageuse rapide qui tente de s’infiltrer. Pas sûr que je vais copiner et lui filer mon bon plan du mercredi.