Prénoms
L’infirmière du matin qui l’appelle ma belle s’appelle elle-même Kelly. Avec son père, on se demande quelle série sa mère a pu regarder pour la prénommer ainsi. J’opte pour “Drôles de dames”. Kelly Garrett, c’était la plus jolie. Il dit non, c’était Sabrina la mieux. On cherche pendant un quart d’heure le prénom de la blonde qui finit par me revenir. Jill. Il dit c’est moche. Je ne trouve pas. Ça ressemble à un prénom masculin. Sa compagne de chambrée qui semble dormir si paisiblement s’appelle Florence-Aurore. Le service de surveillance continue est le même que celui des grands brûlés. On vient lui installer sa pompe à morphine.
Quelle ironie, son t-shirt imprimé avec le squelette d’une cage thoracique parfaitement d’aplomb !
Tous les ans c’est la même chanson. Je guette l’arrivée du printemps. Savoir à quelle sauce je vais être mangée. Mon nez est un indicateur assez fiable, pour ça on peut dire que j’ai du flair. Sinon le chant des oiseaux. L’annonce du renouveau se fait par leur intermédiaire. Un barouf du tonnerre vers 4-5 heures du matin, du piou-piou en rut à gogo et vazy que mon ramage se rapporte à ton plumage. Pas moyen de dormir pendant des semaines rapport au raffut des piafs. Cette année, rien. A peine un tchip par ci par là, du cui-cui de décibel soporifique. C’est quoi cette affaire ? Il est où mon printemps morveux ? C’est bientôt la fin des oiseaux ? La fin du monde ?
La petite fille est de mauvaise humeur. Lorsque l’infirmière passe devant elle, elle lui lâche :” Toi t’es moche !”. L’infirmière revient une minute plus tard et l’informe : “C’est moi qui vais te faire passer la radio.” C’est elle qu’on entend s’époumoner depuis un quart d’heure. L’insolence a son prix.
Au bout de combien de minutes de hurlements assourdissants cesse-t-on d’imposer un examen médical à un enfant ?